LE CARTOMANCIEN ETTEILLA

LE PERE DE LA CARTOMANCIE

Etteilla, une figure incontournable dans l'univers du tarot divinatoire, est surtout connu pour le tarot qui porte son nom, un classique indéniable de la cartomancie.

Derrière ce pseudonyme, on découvre Jean-Baptiste Alliette, (anagramme Etteilla) un homme qui a laissé une empreinte durable dans le domaine de la divination.

Né à Paris en 1738, probablement le 1er mars, Alliette était le deuxième fils de Jean-Baptiste Alliette, un maître rôtisseur.

Les détails de son enfance et de sa jeunesse restent flous. Toutefois, en 1763, il était marchand grainier et déjà marié à Jeanne Vattier, avec qui il a eu un enfant avant leur séparation en 1767.

Après cette période, Alliette semble avoir changé de profession, devenant marchand d’estampes. C'est à ce moment-là qu'il commence à s'intéresser sérieusement à la cartomancie. Il prétend avoir eu une révélation en 1757, mais ce n'est qu'en 1770 qu'il publie son premier traité de cartomancie, "Etteilla, ou manière de se récréer avec un jeu de cartes", à Amsterdam et Paris. Cet ouvrage est le plus ancien traité de cartomancie en Occident, marquant ainsi le début de sa carrière en tant que premier "tireur de cartes" professionnel.

En 1772, il publie "Le Zodiaque mystérieux, ou les oracles d’Etteilla", un recueil astrologique qui confirme son succès.

Cependant, après 1773, Etteilla tombe dans un silence mystérieux durant près de dix ans. Durant cette période, il continue ses activités de marchand d'estampes, en association avec son frère. Pour des raisons inconnues, il déménage à Strasbourg en 1777, mais revient à Paris en 1780.

La publication du huitième volume du "Monde primitif" de Court de Gébelin en 1781, qui inclut un chapitre significatif sur le tarot, a un effet révélateur sur Alliette.

Il forge alors le terme "cartonomancie", précurseur du mot "cartomancie". Court de Gébelin présente le tarot comme le "livre de Thot", une révélation qui inspire Alliette à combiner ses théories divinatoires avec ce jeu plus prestigieux.

Dès lors, il se consacre à la "cartonomancie française" et à la "cartonomancie égyptienne", publiant plusieurs ouvrages dont la "Collection des hautes sciences" entre 1783 et 1786.

En 1788, Alliette, désormais "professeur d'algèbre", fonde la "Société des interprètes du Livre de Thot", rassemblant ses disciples.

En 1789, il obtient un privilège pour un jeu de tarot spécial qu'il fait graver en taille-douce, et en 1790, il fonde une Nouvelle École de magie.

La Révolution française ne le laisse pas indifférent; il prétend même l'avoir prédite dans son livre "L'Homme à projets" publié en 1783.

En 1791, il lance un bulletin hebdomadaire où il propose divers projets sociaux précurseurs de nombreuses institutions modernes, comme la retraite universelle, les assurances sociales, et l'abolition de la peine de mort.

Malheureusement, Etteilla n'a pas eu l'opportunité de voir la réalisation de ses visions. Il décède le 12 ou 13 décembre 1791 à Paris, laissant derrière lui un héritage considérable dans le domaine de la cartomancie et de la divination. Ses contributions continuent d'influencer et d'inspirer les praticiens de la cartomancie à ce jour.

CHRONOLOGIE DES TAROTS D'ETTEILLA

Vers 1770, Etteilla crée "Le Petit Etteilla", un jeu de cartes conçu pour la cartomancie divinatoire. Inspiré par les jeux tziganes, ce jeu utilise des cartes à jouer ordinaires françaises. Il s'agit davantage d'un jeu d'oracle que d'un tarot traditionnel.

Le "Petit Etteilla" se compose de 32 cartes, incluant le roi, la dame, le valet, l'as, ainsi que les cartes numérotées de 7 à 10 pour chaque couleur, plus une carte supplémentaire, la 33ème, appelée la carte Etteilla, qui sert de significateur.

Alors que le "Petit Etteilla" inclut une seule carte supplémentaire, le "Grand Etteilla" possède deux cartes "significateurs" destinées à représenter les consultants des deux sexes.

C'est vers 1788, qu'Etteilla crée son 2eme tarot qui est le premier "tarot" spécialement conçu pour la divination : le "Grand Etteilla".

Ce tarot, appelé "Le Grand Etteilla", comporte 78 lames, similaire au Tarot de Marseille, mais entièrement revisité par Etteilla.

Bien qu'inspiré par le Tarot de Marseille, il se distingue par son originalité et tire également des influences du Tarot "Sola Busca", du "Mantegna" et des cartes tziganes.

Etteilla baptise son nouveau tarot "Tarot Égyptien", connu aujourd'hui sous le nom de "Grand Etteilla".

Dans le "Grand Etteilla", la carte représentant "l'homme" correspond au "Pape" du Tarot de Marseille, tandis que celle représentant "la femme" s'associe à la "Papesse".

Ces deux jeux sont les premiers à avoir été conçus spécifiquement pour la divination, avec des annotations. Le "Grand Etteilla", malgré ses illustrations d'inspiration européenne, est considéré comme le premier "Tarot Egyptien".

Etteilla a indéniablement marqué l'histoire du tarot, introduisant un tournant décisif, même s’il subsiste de nombreuses versions de sa vie, de son histoire, de ses engagements.